Interview : Les Filles du roi

Interview : Les Filles du roi

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Interview
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Bonjour Joyce,

 Il y a environ 2 ou 3 ans, quand nous avons commencé les cours ensemble, tu m’as dit que tu étais une descendante des Filles du roi Louis XIV. J’ai été très surprise car je ne connaissais pas cette partie de notre histoire. Peux-tu aujourd’hui nous éclairer sur cette question et nous dire :

Qui sont ces Filles du roi ? 

 En 1663, il n’y avait que 2,500 personnes vivant entre la ville de Québec et Montréal.  Avec la menace des Indiens Iroquois et des grandes colonies anglaises dans la région, la nécessité de peupler la région de Nouvelle France était une préoccupation pour le Roi Louis XIV et ses conseillers.  À l’époque, il y avait 6 à 14 fois plus d’hommes en âge de se marier qu’il y avait de femmes au Québec.  Avant, les Filles du roi, il y avait les Filles à marier, qui ont étaient les premières femmes colon de Québec.  Cette entreprise n’a pas réussi.  Le Roi Louis XIV initia le programme des Filles du roi.  Les immigrantes admissibles recevaient pour leur mariage un don du roi de 50 livres pour les roturières et 100 livres pour les bourgeoises.  Environ 768 femmes sont venues à Nouvelle France de 1663 à 1673.  Le but du programme était d’augmenter la population.  À la fin du programme, la population de Nouvelle France était de 6,700 personnes.  Une augmentation près de 200%. Le nombre moyen d’enfants par famille était de six.

 Comment as-tu découvert que tu étais une descendante des Filles du roi ?

 J’ai rejoint ancestry.com en 2019 pour me familiariser avec l’histoire de ma famille, plus précisément, mon histoire familiale canadienne-française.  Je ne savais pas grand-chose sur les Filles du roi, mais j’ai trouvé plusieurs livres et une association de généalogie, dédiée à ces femmes pionnières et aux hommes du 17ème siècle.

 Qui étaient tes ancêtres : ”Filles du roi” ?  Peux-tu nous raconteur leur parcours ?

 J’ai identifié sept arrière-grand-mères qui ont été Filles du roi.  Louise Vitard et Agnés Olivier étaient de Paris.  Anne Le-Blanc était de l’Île de Ré.  Martine Tavrey était d’Orléans et Anne-Elisabeth de Tarragon était d’un petit village que s’appelle Janville dans la Beauce, dans la vallée de la Loire.  Catherine Doribeau et Marie Benoît, je n’ai pas d’histoire sur leur origine en France.  La majorité des Filles du roi venaient de zones urbaines en France.  Beaucoup de femmes étaient orphelines ou avaient perdu un parent.  L’âge moyen des jeunes femmes ou des veuves était de 24 ans.  Pour mes ancêtres l’âge moyen était de 21 ans. Mes ancêtres ont immigré au Canada de 1667 à 1673. 

Les femmes partaient en bateau de Dieppe en Normandie. Les voyages étaient difficiles, à cause du manque de nourriture et de mauvaises conditions sanitaires, la dysenterie n’était pas rare.

Environ 10%  des passagères mourraient pendant le voyage.  Une fois que les femmes arrivaient à Québec, 17% des femmes allaient à Montréal, 10% allaient à Trois-Rivières.  La majorité restaient à Québec, comme mes ancêtres.  Mes arrière-grand-mères se sont mariées dans l’année de leur arrivée.  Certaines d’entre elles avaient des petites dots de leur famille, en plus des 50 livres qu’elles recevaient du roi Louis XIV lors de leur mariage.  Les contrats de mariage en général ne pouvaient pas être signés par la mariée ou le marié, parce qu’ils ne savaient pas lire ou écrire.   Avant le mariage, elles recevaient des instructions sur les tâches ménagères. Les femmes étaient logées et nourries jusqu’ à leur mariage.  Avant de choisir une femme, chaque homme devait demander à la directrice de l’école et lui dire comment il gagnait sa vie.

Il était très important que les hommes aient un foyer.  La vie était dure pour eux à Nouvelle France, surtout les hivers.

 Quand est-ce que ta famille est arrivée ensuite aux États-Unis ?

 Mes arrière-grand-parents David et Azilda Levasseur sont arrivés aux États-Unis en 1895.  Deux de leurs 12 enfants sont nés à Manchester, New Hampshire.  Ma grand-mère Dora et sa sœur Angeline sont nées aux États-Unis.  La famille a déménagé en raison de l’économie défaillante à Québec.  Les emplois dans les manufactures à Manchester, New Hampshire étaient très nombreux et il y avait une grande communauté Canadienne-Française là-bas.  Aujourd’hui, il y a des changements de génération et depuis 2015 aucun membre de ma famille ne vit dans la région.

 TRANSLATION :

Hello Joyce,

About 2 or 3 years ago, when we started classes together, you told me you were a descendant of the Filles du Roi of King Louis XIV. I was very surprised because I didn't know this part of our history. Can you enlighten us today on this topic and tell us: Who were these Filles du Roi?

In 1663, there were only about 2,500 people living between Quebec City and Montreal. With the threat of the Iroquois Indians and the large English colonies in the region, populating New France was a concern for King Louis XIV and his advisors. At the time, there were 6 to 14 times more marriageable men than women in Quebec. Before the Filles du Roi, there were the Filles à Marier, who were the first female settlers in Quebec. This initiative was not successful. King Louis XIV initiated the Filles du Roi program. Eligible immigrant women received a dowry from the king of 50 livres for commoners and 100 livres for the middle class. About 768 women came to New France from 1663 to 1673. The goal of the program was to increase the population. By the end of the program, the population of New France was 6,700, an increase of nearly 200%. The average number of children per family was six.

How did you discover that you were a descendant of the Filles du Roi?

I joined ancestry.com in 2019 to learn more about my family history, specifically my French-Canadian heritage. I didn't know much about the Filles du Roi, but I found several books and a genealogy association dedicated to these pioneering women and the men of the 17th century.

Who were your ancestors, the "Filles du Roi"? Can you tell us their story?

I identified seven great-grandmothers who were Filles du Roi. Louise Vitard and Agnés Olivier were from Paris. Anne Le-Blanc was from Île de Ré. Martine Tavrey was from Orléans and Anne-Elisabeth de Tarragon from a small village called Janville in Beauce, in the Loire Valley. For Catherine Doribeau and Marie Benoît, I don't have any information about their origins in France. Most of the Filles du Roi came from urban areas in France. Many were orphans or had lost a parent. The average age of these young women or widows was 24 years. For my ancestors, the average age was 21 years. My ancestors immigrated to Canada between 1667 and 1673. The women departed by boat from Dieppe in Normandy. The journeys were difficult due to a lack of food and poor sanitary conditions, with dysentery being common.

About 10% of the passengers died during the voyage. Once the women arrived in Quebec, 17% went to Montreal, 10% to Trois-Rivières. The majority stayed in Quebec, like my ancestors. My great-grandmothers got married within the year of their arrival. Some of them had small dowries from their families, in addition to the 50 livres they received from King Louis XIV upon marriage. Marriage contracts were generally not signed by the bride or groom because they were illiterate. Before marriage, they received instructions on household chores. The women were housed and fed until their marriage. Before choosing a wife, each man had to ask the school director and tell them how he earned a living. It was very important that the men had a home. Life was hard for them in New France, especially during the winters.

When did your family then arrive in the United States?

My great-grandparents David and Azilda Levasseur arrived in the United States in 1895. Two of their 12 children were born in Manchester, New Hampshire. My grandmother Dora and her sister Angeline were born in the United States. The family moved due to the failing economy in Quebec. The jobs in the factories in Manchester, New Hampshire were plentiful, and there was a large French-Canadian community there. Today, there are generational changes and since 2015 no member of my family lives in the area.